• Poursuite... Partie 2

    Très bien, tu veux jouer !”

    Son rythme cardiaque s’accéléra. Sensationnel. Son gibier n’avait pas du tout l’intention de se faire avoir, et paraissait vouloir économiser ses forces pour une longue, très longue piste.
    Ce sera de l’endurance, ce sera à celui des deux qui renoncera. Elle ramena sa longue natte noir de jais sur sa nuque et fixa son attention sur la voiture. Dans la poussière soulevée par son passage, elle distinguait faiblement la plaque d’immatriculation, rouillée et pratiquement illisible. Tant mieux.
    Le mystère ajoute de l’épice à cette histoire. C’était une berline, un vieux modèle, mais qui tenait bien la route. Une vague couleur bleue salie rappelait qu’elle avait dû être belle et chromée, à une époque. Mais le plus intéressant, distinguait-on le ou les passagers ? Les vitres teintés dressaient leur mur opaque devant la réponse.
    C’était forcément un conducteur, seul. Elle en était sûr. Il le fallait, parce que c’était plus trépidant. Une lutte égale, à armes égales.

    Les kilomètres défilaient. Elle rassurait de temps à autre le central, dédaignait toute proposition de renfort, et aurait tant aimé faire taire cette radio jacassante !
    Elle prit d’une main une bouteille d’eau dans la portière, en ouvrit le capuchon avec ses dents et se désaltéra. Que devait penser l’autre ? Avait-il soif ? Avait-il assez d’essence ? Avait-il peur ? Et puis pourquoi avait-il pulvérisé ainsi la limitation de vitesse ? Etait-ce par provocation, ou y avait-il une autre raison ?
    Elle coupa la sirène et les gyrophares.
    On n’entendait plus que le ronronnement régulier du moteur, dont la vitesse restait constante. Elle ralentit sans crier gare.
    L’autre continua à filer.
    Elle le laissa un moment, puis quand elle fut sûre qu’il ne jouait pas, et qu’il ne l’attendrait pas un peu plus loin, un peu déçue, elle relança sa machine et reprit sa place, à une vingtaine de mètres derrière.
    Ainsi il avait bien l’intention de jouer sur l’endurance, et de lui fausser compagnie dès qu’elle relâcherait sa prise. Elle ne le laisserait pas partir. Mais elle ne demanderait pas de barrage à la radio. Non, c’était entre elle et ce conducteur anonyme.

    Bientôt apparurent au loin des montagnes rouges, nues et dévastées. Bientôt il y aurait des montées et des descentes. Les moteurs allaient souffrir, mais celui de la vieille berline sûrement plus que son véhicule de patrouille.
    Le soleil montait de plus en plus haut dans le ciel. Dehors, le paysage se déformait à travers la vapeur qui montait du sol. Le nuage de poussière était toujours devant elle. La route, imperturbable, divisait toujours l’univers en deux parts égales, filant sur les côtés, semblant inexistantes, noyées par la vitesse.
    Jusqu’où iraient-ils ? Aussi loin que possible, il le fallait.
    La route lui avait tant de fois paru interminable, mais ici, aujourd’hui, elle prenait tout son sens.
    Toutes les questions qu’elle se posait s’aiguisaient d’heure en heure, il ne fallait pas qu’elle le lâche.

    La radio lui annonça qu’une voiture avait été envoyée en sens inverse, et que si la poursuite continuait, un hélicoptère arriverait à la rescousse. Elle envoya un coup rageur à l’appareil.
    Ils allaient lui voler sa proie. Il fallait absolument qu’elle fasse quelque chose pour éviter çà. La route commençait à serpenter au milieu d’un canyon chaotique. Si la voiture roulait toujours dans la même direction, elle finirait par tomber dans le piège, et c’en serait fini de la course.
    Des nuages s’amoncelaient maintenant, l’air devint plus lourd, s’assombrit, le temps se fit menaçant.
    Elle cherchait encore comment elle pourrait échapper à l’inéluctable conclusion qui classerait cette affaire et la renverrait à sa routine habituelle, quand la pluie se mit à tomber soudainement, noyant littéralement son pare-brise et annulant toute visibilité.
    Violemment arrachée à ses pensées, Sonia Gomez eut juste le temps d’allumer ses phares, mais pas celui de rétrograder. La route tourna brusquement, les pneus crissèrent horriblement tandis qu’elle appuyait à fond sur la pédale de frein. Il y eut un choc brutal, et la voiture se retrouva à moitié dans un petit ravinement, sur le bas-côté, ses phares trouant à peine la pluie battante.


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  • Commentaires

    1
    foortune
    Mardi 13 Janvier 2009 à 11:45
    toujours à la bourre moi! désolée mais jai pas eu le temps de revenir avant aujourd'hui ^^
    jai relu le premier acte pour me remettre dans le bain!

    allez la suite la suite!!!! ^^
    2
    Numéro de série 23 Profil de Numéro de série 23
    Jeudi 15 Janvier 2009 à 16:06
    Comme quoi tu n'as pas oublié ! Voici la suite et la fin de cette histoire qui attendra (im)patiemment tes propres conclusions...
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