• Les Portes... partie 2

    Réveil
    Le réveil fut soudain, le choc trop fort, et pendant un temps indéfinissable, avant d'allumer la lampe de chevet, j'eus l'impression que tout ceci s'était vraiment passé.

    Après une dernière relecture, Ingrid referma son journal, en soupirant. Cela avait été le dernier rêve depuis de longues semaines déjà. Elle espérait encore pouvoir à nouveau écouter cette voix.
    Pour l'instant, elle n'entendait que le gazouillis d'oiseaux invisibles. C'était quand même agréable. Le soleil perçait discrètement les frondaisons, il faisait bon. Ici, au cœur de cette forêt, elle avait l'impression qu'elle se trouvait plus proche d'une certaine réalité.
    De sa réalité.

    Oh, elle le savait, dès qu'elle serait rentrée, elle changerait d'état d'esprit, et puis, si tout cela n'était que fadaises ? N'empêche, ce visage... Si proche, et pourtant si lointain. Si elle faisait un petit effort - et c'était si facile, dans cette nature que rien ne vient troubler - un tout petit effort, elle pouvait imaginer que ce n'était pas seulement elle qui l'avait vu.
    « Mais lui aussi. Même si tout cela n'est qu'un rêve, j'aurais pitié de ses larmes ! »

    Alors qu'elle avait pensé tout haut, sans prendre garde, un bruit de feuilles froissées se fit entendre. Un grand chien-loup plutôt loup que chien, noir et l'air féroce sortit des fourrés. Ingrid se releva et s'agrippa à son journal. Elle ne se sentit pas à l'aise face à ce molosse, lorsqu’une voix se fit entendre, provenant de derrière le chien :
    « Mais à qui parles-tu donc, ma pauvre fille ? »
    Le maître semblait aussi sombre que son chien. Il tenait une canne au pommeau travaillé, comme une tête de loup. Et il l'avait appelée « pauvre fille ».
    « Quelle importance ? »
    Ingrid était maintenant plus que contrariée, mais elle n'osait pas trop relever la remarque. L'étrange couple que formait l'animal et le personnage lui faisait froid dans le dos.
    « Je t'ai pourtant bien vu parler à ce buisson, qui lui ne t'a donné aucune réponse... Si tu veux un petit conseil, tu devrais peut-être ne pas trop passer tes journées dans les bois, toute seule. Ce n'est pas la première fois que je te remarque, lorsque je viens promener mon chien... Et bien que cela ne me regarde pas, je m'inquiète un peu. La solitude n'est jamais bonne. »
    Quoi ? Il m'a déjà entendue ! Ingrid se sentait de plus en plus gênée. Décidément elle n'aimait pas son allure.
    « Vous avez raison... Je crois que je vais rentrer...
    Tout de suite. Au-revoir. »
    Elle enfourcha son vélo et le laissa planté là.


    ManoirSur la grève
    Il fait bon. Je me sens détendu. Je crois que j'ai eu froid, mais ce n'est plus qu'un mauvais souvenir.
    Envie de m'étirer.
    Je suis sur le sol, sur du sable, le contact en est agréable.
    Bon, il faudra bien se lever un jour ! Pas de courbatures, mon corps va bien. Mais qu'est-ce que je fiche ici moi ?

    Une mer couleur émeraude, transparente comme du cristal coloré. Des petites vaguelettes viennent mourir sur le rivage. On aurait presque envie de s'asseoir là et d'en écouter le chant rythmé. Jusqu'à la fin de ses jours. Oh, mais il y d'autres bruits, j'entends mieux maintenant... Une très légère brise qui passe au travers de branches. Ah, en effet, il y a des sapins et des pins derrière moi. C'est beau. Des oiseaux aussi. Mouettes, et puis des gazouillis plus agréables.
    Et... Tiens, une habitation. Elle est accrochée un peu plus en hauteur, et sur le ciel, elle dessine comme la proue d'un navire. On dirait un peu un chalet scandinave, en bois avec des fondations en pierre, mais elle a aussi quelque chose d'oriental... C'est fou comme je vois bien moi. De la fumée, il y a donc quelqu'un. On va aller voir çà de plus près!

    J'ai dû marcher, mais je ne sais même pas combien de temps. Je me rends bien compte que je me suis avancé le long d'une lande, puis à travers une prairie constellée de fleurs, mais tout était tellement captivant, agréable, délicieux, que je ne m'en suis même pas aperçu. Pourtant il a bien fallu que je monte, même un peu, cette maison est accrochée à flanc de colline ! Bon, en tout cas maintenant, elle est face à moi. Quelqu'un va-t-il pouvoir m'expli...

    L'homme reste bouche-bée. Il ne peut plus bouger, il ne peut même plus penser. Là, dans l'encadrure de la porte, là juste en face de lui. Une créature... Un ange ? Alors les anges sont des femmes. Un visage doux, agréable, constellé de tâches de son, couronné d'une chevelure tombant en cascade sur ses épaules et se perdant derrière elle, aux reflets fauves et scintillant comme un incendie. Des yeux dans lesquels on se perd.
    Qu'y a-t-il de plus à expliquer. Il n'y a rien à comprendre, il faut juste savourer.


    Suite juste en dessous...

    L'illustration (et inspiratrice du manoir) est un projet de villa scandinave, de l'architecte Lars Sonch datant de 1897.


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  • Commentaires

    1
    Mardi 3 Février 2009 à 17:10
    Oui suiiiiiiiiiiiiite ^^
    Je ne sais toujours pas où cela va me mener, mais je crève d'envie de le savoir :)
    2
    Numéro de série 23 Profil de Numéro de série 23
    Mardi 3 Février 2009 à 19:22
    Suite mise en ligne avec joie ! Allez, je suis un peu moins radin, je mets 3 petits chapitres au lieu de deux...
    (en vrai je meurs d'envie de mettre beaucoup plus ^^ mais je suis trop ratchou!) ;)
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