• Les Portes du Paradis

    Et si tout un monde en lutte se cachait derrière l'apparence terriblement anodine de la fatalité et du destin ? Une fois franchie la limite des rêves et des cauchemars, un homme et une femme se découvrent des responsabilités et un lien sacré au sein d'un affrontement de tous les instants.
    Les Portes du ParadisLe Ferry

    La bise glacée de l’automne, apportant avec elle le sel de la mer, ronge la coque et les visages.
    La Toussaint n’est pas encore l’hiver ; mais ici, dans les eaux froides de Norvège, l’hiver est toujours précoce.
    Cette année, l’Hiver n’est plus qu’une seule saison.
    Il approche, non pour des mois, mais pour toujours.

    Le crépuscule s’installe lentement. Il y a un homme, accoudé au bastingage, à l’arrière du ferry, en cette mauvaise année de cette trop longue époque. Il n’y a que lui, le froid de ses pensées et du vent.
    Les yeux vides, sans espoir aucun, comme tous les siens.

    La Haine, l’Obscurité et l’Obscurantisme sont trois harpies contre lesquelles les Hommes ne semblent plus pouvoir faire grand-chose.
    Alors, lui, il goûte la longue monotonie du tangage, et chaque coup est autant de cloches qui sonnent le glas d’une époque qui ne donne rien et n’aboutit à rien.

    Dans ce néant salé et rugueux, il parvient à entendre le cri d’un oiseau de mer. Il se penche pour mieux écouter, nouveau choc, il bascule, tombe dans le noir, et le froid brutal de la mer le transit sans qu’il puisse crier.

    Violence du contact avec l’eau. Meurtrissures de l’instant présent. Comme si seule la souffrance permettait de goûter réellement la vie, sans revenir au passé ni penser à l’avenir.
    Quel ricanant paradoxe !
    L’approche sauvage de la mort, qui s’engouffre en flots brûlants de glace dans ses poumons, permet de prendre conscience de la vie.
    Le battement toujours plus rapide du cœur, accompagné de bouffés paralysantes, rythme de son tambour barbare la douleur.


    L'Hiver

    Un son de cor. Comme une lugubre trompe qui déchire le brouillard et le silence d'une mer stagnante. Car rien ne bouge sur la plage recouverte de neige, sur la plage où trône un... menhir ?
    Oui, c'est cela, on dirait un menhir de glace. L'eau, un imperceptible mouvement. Puis sur la neige grisâtre, des formes qui sortent de sous les sapins, viennent jusqu'à l'étrange monolithe, s'arrêtent, repartent. Trop petites pour être humaines. Trop rapides pour être vrais.

    « Pas de feu, pas de feu ! », et la barque arrive.

    De prime abord, j'aurais juré qu'il s'agissait d'un dragon. Mais cela n'en est que la proue... Ah, c'est donc cela un drakkar ? Pas de bruit de rame. Pas un brin de vent, et d'ailleurs, elle n'a pas de voile. Mais comment peut-elle avancer ? Il y a des formes dessus. Massives. Immobiles.
    Arrivé non loin de la grève, le navire s'arrête, comme par enchantement. Les formes sautent prestement à l'eau. Elles marchent sur l'eau.
    Je les distingue mieux à présent : trois hommes verdâtres, avec une barbe aussi longue que leurs cheveux dans lesquels elle s'emmêle.
    Je crois... Oui, ils ont une arme. Probablement une épée. Ils se rapprochent du menhir, et écartent les petits êtres comme si c'était des moucherons, d'un moulinet de ces longues épées...

    Un énorme bruit de glace qui se brise, un long cri, terrible, épouvantable, presque... triste : il n'y a plus de pierre levée.
    A la place il y a un guerrier. Impressionnant, magnifique. On ne dirait pas qu'il se bat, on croirait plutôt admirer un danseur.
    Dans ce paysage blanc et gris, où même le vert des sapins semble terne, son armure d'or est comme un soleil, d'ailleurs, la neige a fondu autour de lui, et on aperçoit çà et là des touffes d'herbes vertes.
    En quelques gracieux mouvements, face à lui deux des étranges monstres barbus s'écroulent, tandis que le troisième est blessé.

    Maintenant, le guerrier se met à parler. Une voix pleine de haine, pleine de désespoir. Une voix que je crois bien reconnaître, malgré la souffrance que j'y recèle.
    « Toi ! Toi ! Si je ne tue pas aujourd'hui, c'est pour que tu dises à tes maîtres, que quoiqu'il soit advenu, quoiqu'il advienne, les Portes sont toujours défendues ! Je tuerais désormais tous ceux qui oseront mettre un pied sur cette île!
    - Ta Haine, Gardien, c'est déjà notre tête de pont sur cette île, car n'est-tu pas censé défendre l'Amour ? »

    La créature à la longue barbe repart en direction de la barque. Le guerrier s'effondre lamentablement en s'appuyant sur son glaive. Je le vois de plus près maintenant, son visage, couvert de larmes qui gèlent, aussitôt se relève, vers moi. On dirait qu'il me... « Veeeyyyyyaaaa ! »


    Achevée en juillet 2005, cette histoire remonte bien avant. Années 90 probablement. Aussi elle a quelques lourdeurs et maladresses... Elle est divisée en petits chapitres, très pratique pour une édition... par épisodes.


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  • Commentaires

    1
    Lundi 2 Février 2009 à 03:00
    Début étrange, qui ne nous dit pas où il compte nous mener, mais nous intrigue et nous emporte au coeur de cet univers froid et barbare, mais plein de rêve et de mysticisme! Ma curiosité est éveillée, ma raison questionne, mon instinct me dit, lui qu'il faut aller voir plus loin! La suite, la suite! :)
    2
    Numéro de série 23 Profil de Numéro de série 23
    Lundi 2 Février 2009 à 10:26
    Froid, certes, barbare, tout-à-fait, rêve, à 200%, et mysticisme, entièrement cousu avec.
    Analyse irréprochable.

    Vu la qualité du commentaire, c'est avec joie que je vais mettre en ligne la suite... Mais une parcelle seulement, en attendant le prochain, et en espérant que ton instinct a vu juste !
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    3
    Jeudi 2 Juillet 2009 à 12:48
    Mince alors. J'ai déjà lu ce texte mais je ne me souviens pas de l'avoir lu ici. Tu ne serais pas inscrit sur La Passion Des Poèmes par hasard ???
    4
    Numéro de série 23 Profil de Numéro de série 23
    Jeudi 2 Juillet 2009 à 18:12
    Arhg ???
    Si tu as vu cette nouvelle ailleurs, deux solutions :
    - une ressemblance forfuite...
    - un méchant copier-coller ?
    Tu m'interpelles, je vais aller faire un petit tour sur ce site.
    (je précise que je ne suis inscrit nulle part ailleurs que sur Eklablog).
    5
    Samedi 4 Juillet 2009 à 10:47
    Pas de panique, je l'ai peut-être déjà lu ici, tu sais ma mémoire et moi... C'est juste que ça me laisse un souvenir de texte lu il y a trèèèèèèèèèès longtemps... au tout début peut-être ? Et je n'aurai pas laissé de commentaire ? Raaah, l'ingrate. Je te ferai ça dès ma relecture assidue (désolée pour la pollution du coup).
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